Hélène Grimaud et Konstantin Krimmel subliment les Silent Songs de Valentin Silvestrov
Hélène Grimaud rêvait paraît-il depuis près de vingt ans d’enregistrer tout ou partie du cycle des Silent Songs (chansons silencieuses) de Valentin Silvestrov, un compositeur d’aujourd’hui qu’elle inscrit souvent à ses programmes. Mais il fallait trouver le chanteur (soprano ou baryton) adéquat, c’est-à-dire non seulement susceptible de s’intéresser à ce cycle de celui qui était alors un des fers de lance de l’avant-garde soviétique mais aussi d’y exprimer la même intensité brûlante que celle que voulait y mettre la pianiste.
La rencontre a finalement eu lieu à l’été 2022 à Berlin, cette ville où s’est entretemps exilé — suite à la guerre bien sûr — celui qui est devenu, à 85 ans, la figure tutélaire de tous les musiciens ukrainiens. Et c’est le jeune baryton allemand Konstantin Krimmel, déjà connu par ses disques publiés chez Alpha, qui se fait la voix de ces poètes russes (Pouchkine, Lermontov, Mandelstam…), ukrainiens (Shevchenko) ou anglais (Shelley, Keats) que Silvestrov avait choisis au creux des années 70. Et l’on découvre l’audace suprême que le compositeur dut avoir alors pour oser à ce point la simplicité et l’intériorité.
Capté live, ce disque offre une sélection de douze mélodies dans une interprétation de haut vol : le tout devrait subjuguer ceux qui ne jurent que par les grands cycles de Schubert, Schumann ou Wolf.